Au carrefour de Gush Etzion au sud de Bethléem, le prisonnier palestinien Wasim Miswada habitant de la ville d'Hébron a fait l'objet d'une tentative d'exécution publique. Grièvement blessé par un coup de feu tiré par un des gardes de la colonie, Wasim est resté à terre baignant dans son sang pendant des heures. Il a été entouré par des soldats qui se sont précipités sur les lieux. Des ambulances israéliennes sont arrivées sur place, un large public de colons et de soldats l'entouraient, sans lui donner les premiers soins pour arrêter son hémorragie. Ils ont regardés ce jeune homme allongé sur le trottoir, une tache de sang brillait en se répandant sur l'asphalte, en se délectant de son agonie comme s'ils étaient à une fête de la mort. Pendant ce temps le prisonnier demande en vain de l'aide et du secours. Arrivé dans sa voiture sur les lieux, le colon David Mizrahi, a vu le jeune blessé allongé sur la voie publique, s'est avancé vers lui, lui a roulé sur le corps avec sa voiture sous les yeux des soldats et des colons. Puis Mizrahi est sorti de sa voiture, il a commencé à discuter avec la foule présente sur la place, puis retourna dans sa voiture, fît marche arrière, repassa sur le corps du jeune blessé une deuxième fois puis en marche avant, une troisième fois et encore une quatrième fois en reculant.
Pensant que le jeune palestinien est enfin mort, Mizrahi s'arrête, descend de sa voiture. Il est ovationné par la horde de colons, pour ce haut fait de l'un des leurs. La scène a été filmée par les caméras de surveillance implantées sur la place. Le prisonnier Wasim Miswada n'est pas mort. Atteint d'une incapacité physique complète, il est paralysé à vie. Il a vu et senti les roues de la voiture de Mizrahi passer sur son corps, a entendu le fracassement de ses propres os, blessé dans l'âme, sa souffrance inondait la rue. Il est mort à quatre reprises pour se réveiller à nouveau devant un tribunal militaire le 14 février 2012 dans un procès, où il fût condamné à 12,5 ans avec une amende de 70.000 shekels parce que celui-ci est resté vivant et ne se résout pas à mourir.
La Cour centrale Israélienne de Jérusalem a rendu un jugement à l'encontre du colon David Mizrahi, le condamnant simplement à trois mois de travaux d'utilité publique et ne lui a signifié aucune accusation pour tentative d'assassinat avec préméditation sur la personne de Miswada et ce contrairement à tous les jugements précédents prévalant en Israël, bien qu'ils soient purement formels.
L'histoire de David Mizrahi et Wasim Miswada met à nu la politique discriminatoire et raciste des tribunaux de l'occupation mettant en œuvre des procédures judiciaires qui sont contraires à toutes les conventions internationales et humanitaires. Le système juridique israélien assure la protection pour les Israéliens avec des remises de peine, tandis que les Palestiniens sont victimes de la prison à vie parce qu'ils représentent soit disant un danger pour l'Etat d'Israël. Une exécution sans procès sur le trottoir, dans la rue, filmée par les caméras de surveillance et visionnée par le juge de la cour israélienne. Il a pourtant vu le processus de liquidation avec préméditation contre le prisonnier Miswada. C'est alors qu' il a modifié l'acte d'accusation de Mizrahi pour alléger sa peine par le fait que Miswada soit sorti de son cercueil et arrivé devant la cour, seulement brisé et en cela il a enfreint la loi de la mort à l'israélienne, et que la mort l'a épargné et qu'il est encore capable de se souvenir. Le système pénal israélien a rendu un grand nombre de décisions de relaxe ou de remise de peines pour les soldats et les colons, qui ont tué ou tenté de tuer des Palestiniens, parce que le point de vue idéologique et intellectuel avec lequel fonctionnent les cours israéliennes voit dans chaque Palestinien une bombe à retardement, que si elle n'éclate avec des balles explosives et des bombes, c'est la cour qui s'en charge avec des peines à perpétuité dissuasives et cruelles.
Les tribunaux de la puissance d'occupation avait condamné l'Israélien David Ben Shimul, qui a lancé une fusée Lao et tué un palestinien, il a été condamné à la prison à vie, mais a été libéré 11 ans après avec une grâce présidentielle. En 1994 l'Israélien Yoram Scolenk a été condamné à la prison à vie, il a tué un Palestinien après l'avoir menotté, il a été libéré après 7 ans seulement. Et en 1985, l'Israélien Danny Weizmann a tué le chauffeur arabe Khamis Titingi de Jérusalem, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et a été libéré après 7 ans. Ce sont de nombreux exemples de cette justice israélienne discriminatoire, qui fait une nette distinction entre les Palestiniens et les Israéliens dans ses tribunaux, qui en réalité sont des coupes gorges pour les Palestiniens et une couverture protectrice pour les actes de violence et de meurtres commis contre eux.
Cette exécution à même le trottoir, cette volonté manifeste d'écraser et de tuer délibérément une victime Palestinienne est une scène répétée des milliers de fois au mépris du droit du peuple palestinien. Wasim Miswada n'est pas mort, son corps et son esprit privés de liberté, sont acculés par l'injustice et la souffrance, son rêve se restreint à l'espace exigu de la prison.
Cette tentative d'exécution du prisonnier Miswada, interpelle la communauté internationale et pose la question cruciale de la justice, de ses principes culturels ainsi que ses valeurs qui sont constamment violée par les gouvernements Israéliens successifs de l'occupation qui rendent toutes les lois de droits humains otages aux mains de juges portant des uniformes militaires qui tuent la justice universelle.
Traduction : Moncef Chahed Groupe de travail prisonniers