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Justice pour la Palestine

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Dans le cadre actuel des négo­cia­tions engagées pour un cessez-​​le-​​feu à Gaza, les reven­di­ca­tions de la partie pales­ti­nienne, pré­sentées par le Hamas et l'Autorité pales­ti­nienne, ne sont rien d'autres que les réso­lu­tions adoptées par le Conseil et l'Assemblée générale des Nations Unies. Un peuple occupé, placé par l'occupant sous blocus, est en droit de résister et a, selon les normes des conven­tions inter­na­tio­nales et de la Charte des Nations Unies, le choix des moyens pour obtenir la fin de cette occu­pation et la levée du blocus qui le privent de sa liberté et de ses échanges sociaux, éco­no­miques, culturels avec l'extérieur. C'est en ces termes qu'il y a lieu d'aborder la question de Gaza et de sa popu­lation de plus de 1,8 million d'habitants empri­sonnés sur quelque 360 km2.

Refusant toute négo­ciation avec les repré­sen­tants élus de Gaza, Israël se place en situation d'occupant et d'oppresseur colonial. Il oblige ainsi la popu­lation à user de sa légitime défense. Mais Israël, se pré­sentant comme l'agressé, inverse tout sim­plement les réa­lités du terrain. Son usage tota­lement dis­pro­por­tionné de la force, non pour se défendre mais pour punir toute une popu­lation est un crime de guerre, ainsi que l'a précisé la Fédé­ration Inter­na­tionale des Droits de l'Homme. En s'attaquant à des civils – femmes, enfants et vieillards, en détruisant les infra­struc­tures et équi­pe­ments publics – hôpitaux, écoles, cen­trales élec­triques, cir­cuits d'eau potable, en détruisant les appro­vi­sion­ne­ments médi­ca­menteux et ali­men­taires, en détruisant les maisons et des quar­tiers entiers, Israël commet une fois de plus des crimes contre l'humanité déjà dénoncés en 2009 par le rapport Gold­stone et en mars 2013 par le Tri­bunal Russell sur la Palestine. Les États et les entre­prises qui, direc­tement ou indi­rec­tement, apportent un soutien à l'État agresseur, se rendent com­plices de ces crimes.

En décrétant le Hamas « orga­ni­sation ter­ro­riste », les pays occi­dentaux se placent de facto du côté de l'agresseur qui refuse offi­ciel­lement toute négo­ciation avec une ins­tance poli­tique élue démo­cra­ti­quement. L'ancien pré­sident US Carter, de nom­breux élus occi­dentaux comme moi-​​même avons pu observer en 2006 la régu­larité des élec­tions légis­la­tives qui ame­nèrent au pouvoir les repré­sen­tants du Hamas. Rappelons-​​nous qu'en son temps, ce sont les mêmes pays qui, pour sou­tenir le gou­ver­nement sud-​​africain de l'apartheid, avaient qua­lifié l'ANC et son chef Nelson Mandela de ter­ro­ristes. Qu'on apprécie ou non le Hamas, il est le repré­sentant des popu­la­tions de Gaza et sa résis­tance est légitime et sou­tenue aujourd'hui par le peuple pales­tinien tout entier.

Le gou­ver­nement israélien, en se lançant une nou­velle fois dans une guerre contre Gaza, a cru pouvoir – une fois encore – abuser de l'impunité dont il béné­ficie de la part de res­pon­sables poli­tiques occi­dentaux. Tou­tefois, il n'a pas prévu que cette guerre coa­li­serait et ren­drait sa volonté de résister à tout un peuple. La supré­matie mili­taire israé­lienne impose un coût humain inac­cep­table pour les Pales­ti­niens mais la résis­tance de ceux-​​ci a – cette fois aussi – un prix inat­tendu pour le gou­ver­nement et l'armée. Cette guerre pro­voque au sein de la popu­lation israé­lienne de fortes réac­tions d'opposition d'une part gran­dis­sante de l'opinion publique et de la presse.

Le renouveau de la résis­tance dans l'ensemble de la Palestine pourrait être, pour Israël, ce que le Vietnam fut pour les Etats-​​Unis.

Ceux et celles qui se pré­sentent comme la Com­mu­nauté inter­na­tionale vont-​​ils enfin condamner cette inac­cep­table agression israé­lienne qui se poursuit en vio­lation de l'ensemble du droit huma­ni­taire et des conven­tions inter­na­tio­nales notamment la Qua­trième Convention de Genève ? Entre­temps, une droite sio­niste et pro-​​sioniste s'obstine à vouloir jus­tifier les posi­tions bel­li­cistes et colo­niales d'Israël. La plus radicale sou­tient les faucons de l'extrême-droite du gou­ver­nement au nom de leur indé­fec­tible et aveugle soutien à Israël. Parmi eux, une frange d'extrémistes n'hésite pas à pro­clamer – pour des motifs idéo­lo­giques et reli­gieux – qu'Israël doit rejeter les Pales­ti­niens en Jor­danie afin que la Palestine his­to­rique du mandat bri­tan­nique revienne entiè­rement à Israël. Ils sou­tiennent qu'Israël est l'État des Juifs et d'eux-seuls. Ils nient tout à la fois le droit des Pales­ti­niens à un État et aux Pales­ti­niens vivant en Israël d'y béné­ficier d'une citoyennetéégale à celle des juifs. La pre­mière consé­quence étant la création d'un État d'apartheid. Une autre droite tout aussi sio­niste, si elle ne déve­loppe pas ces thèses des ultras, déploie cependant des efforts impor­tants pour détourner l'attention des déci­deurs et de l'opinion publique sur un terrain par­ti­cu­liè­rement dan­gereux : Israël, « la seule démo­cratie du Proche-​​Orient », est le seul réel allié des Occi­dentaux dans la région. Ces der­niers per­draient une position stra­té­gique en ne défendant pas ce petit État né de la Shoah et vaillant défenseur des « valeurs occi­den­tales » face à un monde arabe « fourbe et incertain ». Ils agitent avec des moyens non négli­geables une série d'angoisses latentes parmi nos popu­la­tions, qui reposent tantôt sur les mythes de l'envahisseur, tantôt sur les risques d'une immi­gration incon­trô­lable et inas­si­mi­lable. Pour eux, n'importe quelle mani­fes­tation ou reven­di­cation exprimée par les Euro­péens ori­gi­naires de l'autre rive de la Médi­ter­ranée est l'expression d'un anti­sé­mi­tisme redou­table. Ont-​​ils oublié ceux qui, en Europe, durant la guerre du Vietnam, brû­lèrent des dra­peaux amé­ri­cains sans jamais remettre en cause les États-​​Unis ni leur contri­bution ines­ti­mable à la chute du nazisme en 1945. Tout en se disant prêts à l'existence de deux États, leur obsession ou stra­tégie est de faire cam­pagne contre le retour de l'antisémitisme, cam­pagne qui s'apparente à une manière de détourner l'attention du public des raisons mêmes du courroux des mani­fes­tants à savoir la guerre d'occupation, de colo­ni­sation et de spo­liation menée par Israël contre les Pales­ti­niens. Cela étant dit, tout acte d'antisémitisme est et doit rester condamnable.

Aujourd'hui, avec les Israé­liens qui dénoncent la guerre et l'occupation de la Palestine, avec les Pales­ti­niens qui luttent pour leur droit à un État libéré de l'occupant israélien, le mou­vement de soli­darité inter­na­tionale s'élargit et se ren­force en Amé­rique, en Europe et dans le monde. Il pèsera de plus en plus pour forcer l'ONU, son Conseil de sécurité et les gou­ver­ne­ments à prendre des mesures pour la mise en œuvre des réso­lu­tions mul­tiples qui fixent les droits et obli­ga­tions per­mettant à la Palestine d'exister et de coexister avec ses voisins et parmi eux, un État d'Israël guéri de ses projets annexionnistes.

Face à l'incurie actuelle des res­pon­sables poli­tiques mon­diaux, le mou­vement de soli­darité doit amplifier une action soli­daire et éner­gique de la société civile et des opi­nions publiques. La réponse la plus appro­priée est celle du BDS (Boycott, Dés­in­ves­tis­sement, Sanc­tions) lancée par plus de 174 asso­cia­tions pales­ti­niennes. De son ampleur dépendra aussi le chan­gement d'attitude des res­pon­sables publics aux Etats-​​Unis et en Europe comme ce fut le cas durant la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.

Bruxelles, le 24/​07/​2014


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