Le président Mahmoud Abbas a confirmé dimanche que la demande d'élévation de la Palestine au statut d'Etat non membre de l'ONU serait déposée en novembre et s'est dit favorable à une exhumation pour établir les causes de la mort de Yasser Arafat.
"Nous allons à l'ONU en novembre 2012, pas en 2013 ni en 2014", a dit M. Abbas, coupant court aux spéculations sur un report de cette démarche sous les pressions, notamment américaines, dans un discours à Ramallah à l'occasion du 8e anniversaire de la mort du dirigeant historique palestinien Yasser Arafat.
"La réaction hystérique d'Israël à notre entreprise à l'ONU est due à sa volonté de poursuivre l'occupation, et nous subissons des pressions ces jours-ci de plusieurs parties pour renoncer à cette juste demande, mais nous ne renoncerons pas", a-t-il assuré.
"C'est la seule voie pour faire face à l'assaut de la colonisation et sauver la solution à deux Etats", selon lui.
Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, présent à la cérémonie, a apporté son soutien à cette "action importante pour affirmer les droits des Palestiniens sur leur terre, à l'issue de laquelle les Territoires palestiniens seront considérés comme un pays sous occupation".
La représentation palestinienne à l'ONU a dévoilé jeudi un projet de résolution qui "réaffirme le droit du peuple palestinien à l'autodétermination" sur les bases des lignes d'avant la guerre de 1967 et demande à l'Assemblée générale, où la majorité simple requise lui semble acquise, d'accorder à la Palestine le statut d'Etat non membre.
Le document souligne également "le besoin urgent d'une reprise et d'une accélération des négociations" de paix bloquées depuis septembre 2010.
Israël a annoncé son intention de contrer le projet palestinien, affirmant qu'il éloignait les perspectives de paix. La presse israélienne a évoqué le gel de la rétrocession à l'Autorité palestinienne des taxes collectées pour son compte par Israël et la réduction du nombre des permis de travail pour les Palestiniens.
"Idée détestable"
Selon un sondage réalisé en novembre et publié dimanche, 48% des Palestiniens considèrent que la démarche à l'ONU est de nature à bénéficier à la cause palestinienne, contre 12,2% de l'avis opposé.
Mahmoud Abbas s'est par ailleurs prononcé publiquement en faveur d'une exhumation du corps de Yasser Arafat pour élucider les causes de sa mort, révélant des contacts avec la Russie.
"Nous sommes actuellement en contact avec les enquêteurs français, les experts suisses, ainsi que le gouvernement russe, pour ouvrir le mausolée du président Yasser Arafat", a précisé M. Abbas.
"Cette question est plus vaste et plus importante que le vacarme médiatique qu'en a fait Al-Jazeera", a-t-il estimé, en référence au documentaire de la chaîne qatarie diffusé en juillet et dévoilant la présence de quantités anormales de polonium sur des effets personnels d'Arafat confiés par sa veuve, Souha, et qu'elle a fait analyser par un laboratoire suisse spécialisé.
Le neveu de Yasser Arafat et président de la fondation éponyme, Nasser al-Qidwa, a réitéré samedi son rejet d'une exhumation, condamnant une "idée détestable".
"Il n'y a aucune justification à cela, car la vérité est connue", a dit M. Qidwa qui martèle depuis des années sa conviction qu'Arafat a été empoisonné par Israël, tout en reconnaissant l'absence de "preuve tangible" jusqu'alors.
"Ce qui a confirmé notre conviction, c'est la découverte récente de polonium radioactif dans ses vêtements", a-t-il expliqué.
Les juges français instruisant une information judiciaire pour assassinat de Yasser Arafat et les experts du laboratoire suisse qui a découvert le polonium doivent réaliser des prélèvements sur sa dépouille le 26 novembre, ce qui implique une exhumation.