L'assassinat du chef militaire du Hamas a été suivi de la mort de trois civils israéliens, tués par un tir de missile
Trois civils israéliens ont été tués, jeudi matin 15 novembre, au deuxième jour d'une vaste opération militaire israélienne contre la bande de Gaza. le missile de type Grad, qui a aussi causé deux blessés, a visé un immeuble d'habitation dans la ville de Kyriat Malachi, à30 kilomètres du territoire palestinien.
Au même moment débutaient à Gaza les funérailles d'Ahmed Al-Jabari, le chef d'Ezzedine Al-Kassam, la branche armée du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique, qui contrôle de facto la bande de Gaza. Al-Jabari a été victime, mercredi après-midi, d'un " assassinat ciblé" par un missile israélien alors qu'il circulait en voiture dans le centre de la ville de Gaza. Alors que la tension avec les groupes armés de la bande de Gaza était retombée depuis quarante-huit heures, Israël a choisi de relancer celle-ci, mercredi, en procédant à l'exécution d'Ahmed Al-Jabari, l'un des responsables du Hamas les plus recherchés par l'Etat juif.
Dans les heures qui ont suivi sa mort, Israël s'est livréà une vingtaine de frappes aériennes sur des sites militaires du Hamas et du Jihad islamique, notamment des entrepôts et des sites de lancement de roquettes. La marine, postée au large de la bande de Gaza, a participéà cette campagne de bombardement, selon un porte-parole israélien, ainsi que des chars postés dans la proximité immédiate du territoire palestinien. Un bilan provisoire faisant état de onze morts palestiniens (dont Ahmed Al-Jabari et son adjoint, ainsi que des civils) et plus de cent quinze blessés du côté palestinien.
Jeudi matin, les tirs de représailles palestiniens et les raids aériens israéliens se poursuivaient et rien ne semblait pouvoir stopper l'escalade en cours. Selon la police israélienne, qui a suspendu les cours dans les écoles dans un rayon de 40 kilomètres autour de la bande de Gaza, les tirs palestiniens ont visé - outre Kyriat Malachi - les villes d'Ashdod, Ashkelon, Gan Yavné, Kyriat Gat et Beersheba. Quelque 130 roquettes palestiniennes ont été tirées en vingt-quatre heures, selon Israël.
Les intentions d'Israël font l'objet d'hypothèses contradictoires. L'éventualité d'une intervention terrestre dans la bande de Gaza, s'apparentant à l'opération " Plomb durci " en décembre 2008-janvier 2009, étant évoquée par de nombreux experts et responsables militaires, tandis que les groupes islamistes de Gaza multiplient les appels à des représailles multiformes contre Israël.
" Des préparatifs sont en cours, et si nécessaire, l'option d'une entrée par voie terrestre - à Gaza - est à notre disposition ", a souligné le général Yoav Mordechai, porte-parole de l'armée israélienne. Il ne semble pas que ce soit là le scénario choisi par Israël, dont le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a fait le commentaire suivant : " Aujourd'hui, nous avons adressé un message clair au Hamas et aux autres organisations terroristes, et si cela devient nécessaire, nous sommes prêts àétendre l'opération ", a-t-il indiqué mercredi soir. La mort de trois citoyens israéliens, alors que le pays est en pleine campagne électorale, pourrait changer la donne.
A Gaza, les groupes islamistes ont appeléà la vengeance. Un porte-parole du Hamas a évoqué d'éventuelles opérations suicides, ainsi que des attaques contre les villes israéliennes, tandis qu'un responsable du Jihad islamique soulignait qu'il n'y avait plus de " lignes rouges " s'agissant des ripostes contre Israël.
Tant du côté palestinien que de celui des commentateurs israéliens, ce brusque regain de tension entre les groupes armés de Gaza et Israël a d'autant plus surpris qu'un cessez-le-feu de fait était intervenu depuis lundi soir, à la suite d'une médiation égyptienne. Alors que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a demandé dans la soirée de mercredi une réunion d'urgence de la Ligue arabe, l'Egypte, dont les nouveaux dirigeants islamistes sont proches du Hamas, a rappelé son ambassadeur en Israël. Une escalade pourrait provoquer des frictions avec Israël.
Le Qatar, dont l'émir a récemment visité la bande de Gaza et qui se pose en protecteur du Hamas, a pris position contre Israël : " Cette agression abjecte ne peut pas rester dans l'impunité", a déclaré jeudi le premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani.
Alors que Washington a apporté son soutien à Israël face aux " attaques brutales " du Hamas, Paris a appelé toutes les parties à la " retenue ".
Publié par Le Monde