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Quand l'armée israé­lienne s'entraîne grandeur nature sur les popu­la­tions palestiniennes

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Des vil­lages pales­ti­niens et des civils qui servent de terrain d'entraînement pour l'armée israé­lienne. Une pra­tique de plus en plus cou­rante, qui pro­voque l'indignation d'associations de défense des droits de l'homme. L'une d'entre elles demande aujourd'hui l'arrêt de tels exer­cices, d'autant que les Pales­ti­niens ne savent géné­ra­lement pas qu'il s'agit d'entraînements militaires.

C'était l'été dernier, pendant le ramadan. Ahmed Amro et sa famille ont eu la sur­prise de voir débarquer une patrouille israé­lienne alors qu'ils dînaient dans leur jardin à Hébron, dans le sud de la Cis­jor­danie. « On était en train de manger, assis dehors. D'un coup, une dou­zaine de soldats sont arrivés de trois endroits dif­fé­rents. Ils ont essayé de nous pro­voquer. Ils esca­la­daient les murs, sau­taient d'un côté, reve­naient par un autre. Ils fai­saient comme si quelqu'un était blessé, le por­taient, cour­raient avec lui, ils avaient aussi des béliers pour défoncer les portes. Ils avaient tout le matériel d'attaque avec eux. »

Il s'agissait d'un entrai­nement mili­taire, mais Ahmed et sa famille ne l'ont compris que plus tard. Car pendant ces exer­cices, les Pales­ti­niens ne sont pas pré­venus. Pour eux, les arres­ta­tions et les fouilles sont bien réelles. Et les opé­ra­tions durent souvent plu­sieurs heures.

Des entraînements pour intimider

Des pra­tiques dan­ge­reuses, estime Emily Shaffer, de l'association israé­lienne Yesh Din, qui demande l'arrêt des entraî­ne­ments mili­taires sur les popu­la­tions civiles. « Nous consi­dérons que cette pra­tique est contraire au droit huma­ni­taire inter­na­tional, explique t-​​elle. Déjà parce qu'elle porte atteinte aux biens et aux per­sonnes et parce qu'elle met en danger les popu­la­tions. Mais surtout, d'autres asso­cia­tions nous ont rap­porté des dizaines de cas d'entraînements et il apparaît que l'armée a d'autres moti­va­tions der­rière tout ça : comme par exemple inti­mider la population. »

Mais pour le pro­cureur général des armées, il n'y a aucun obs­tacle légal à conduire des entraî­ne­ments en zone habitée dès lors qu'il s'agit de main­tenir l'ordre et la sécurité. Tout en ajoutant que les soldats doivent éviter de mettre en danger la popu­lation. Mais, dans les faits, cette pré­caution est dif­ficile à mettre en œuvre, comme le raconte Nadav, ancien tireur d'élite de l'armée israé­lienne qui s'est entraînéà trans­former une habi­tation en poste de tir dans un camp de réfugiés en 2005.

« On n'arrive pas en frappant à la porte et en disant : bonjour, est-​​ce qu'on peut uti­liser votre maison ? Non, on fait sauter la porte au milieu de la nuit et on réveille tous les membres de la famille. Moi, je suis entré et j'ai attrapé la per­sonne qui dormait. Elle a ouvert les yeux, c'était un enfant de 11 ou 12 ans. Il m'a regardé et il avait tel­lement peur ! Et je me suis dit : oh mon Dieu ! Je viens de trau­ma­tiser un enfant pour le reste de sa vie, juste pour que je sois plus préparéàêtre un soldat, ou je ne sais quoi. »

L'année der­nière, un Pales­tinien est mort… tué en pleine nuit par des soldats en civil en exercice. La victime s'était défendue, les prenant pour des voleurs.

Publié par RFI


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