Le 29 novembre 2013, la Palestine accédait au statut d'"État observateur non-membre de l'ONU". Une sorte de promotion, qui rapprochait un peu plus le territoire de la reconnaissance de son statut -qui semble inaccessible - d'État (membre permanent). Qu'est-ce que ce statut d'observateur a changé pour la Palestine en un an ? Réponses avec Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique.
L'année dernière, le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas parlait « d'acte de naissance » quand la Palestine est devenue État observateur non-membre de l'ONU. Qu'est-ce ce que cela a réellement changé depuis un an pour ce territoire ?
Pas grand chose. Les atouts que le caractère d'État observateur non-membre donne à la Palestine n'ont pas été utilisés par les Palestiniens. Ils se sont même engagés, semble-t-il, dès la reprise des négociations avec Israël, à ne pas aller devant la Cour Pénale Internationale (CPI), à ne pas adhérer à la CPI, ni aux autres organisations de l'ONU, mis à part l'UNESCO.
Rien de concret n'a changé non plus sur le terrain. La Palestine est toujours occupée. Et ça ne changera rien même si demain ils obtiennent le statut d'État reconnu à part entière – ce qui est peu probable. Même s'ils l'obtenaient, ça n'a de portée que si c'est suivi par un certain nombre d'actes. Pour l'instant ce n'est pas le cas. C'est surtout une victoire symbolique et diplomatique.
Même si les États-Unis ne subventionnent plus l'Unesco depuis l'entrée de la Palestine, ils servent pourtant d'intermédiaires dans les négociations qui ont repris depuis plusieurs mois entre Palestine et Israël…
Ça toujours été la position des États-Unis. Ils sont pour des négociations bilatérales et ils sont contre toutes négociations multilatérales et tout rôle de l'ONU. Donc ce n'est pas du tout contradictoire. Au contraire. Les Américains ont toujours dit « négociez entre vous » mais surtout n'allez pas aux Nations unies. Cela fait 20 ans qu'ils négocient entre eux et ça n'aboutit pas.
L'Autorité palestinienne a – t-elle l'espoir de devenir membre permanent de L'ONU un jour ?
C'est quand même assez peu probable car il faudrait pour cela passer devant le Conseil de sécurité et on sait que les États-Unis utiliseront leur droit de veto (voir notre encadré). Et il y a un autre élément qui a l'air de n'avoir aucun rapport : l'accord qui a été conclu entre l'Iran et les États-Unis sur le nucléaire et qui a été très violemment critiqué par Israël.
D'une certaine manière, cet accord interdit aux États-Unis de faire pression sur Israël sur la question palestinienne. Ou en tous cas, cela rend plus difficile une pression sur Israël parce que la signature de l'accord a déjà provoqué un tel mécontentement des Israéliens, une telle mobilisation du lobby pro-Israélien aux États-Unis, que l'on ne voit pas le président américain Barack Obama affronter à nouveau ces lobbys sur le sujet palestinien et donc faire pression sur Israël sur cette question.
Publié par TV5 Monde