Bethlehem - Ma'an - Le Centre palestinien de recherche politique a sondé l'opinion publique palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, du 5 au 7 Juin 2014 période qui a suivi le succès des efforts de réconciliation entre le Fatah et le Hamas et la formation d'un gouvernement de réconciliation nationale dirigé par Rami Al-Hamdallah.
Malgré l'arrêt des négociations et l'échec des efforts américains, il y a environ deux mois, ce sondage donne l'opinion des citoyens sur les développements internes de la réconciliation, les élections et le niveau de satisfaction sur la performance du président Mahmoud Abbas et l'équilibre du pouvoir interne entre le Fatah et le Hamas.
Les résultats du sondage concernant le processus de paix seront publiés prochainement dans un communiqué de presse commun entre palestiniens et israéliens. Les entrevues ont été réalisées en face-à-face avec un échantillon de 1270 personnes dans 127 quartiers d'habitation avec une estimation d'erreur de 3%.
Principaux résultats :
Les résultats du deuxième trimestre 2014 laissent apparaître un grand optimisme du public, en particulier dans la bande de Gaza envers les chances de l'application de l'accord de réconciliation, l'amélioration de la conjoncture économique, la réouverture du passage de Rafah, l'amélioration des libertés publiques, l'arrêt des arrestations politiques et la tenue des élections dans les délais prévus, après six mois, ainsi que la mise en œuvre du soutien économique promis par les états arabes.. En effet, la réconciliation a restauré la confiance du public dans l'Autorité palestinienne, qui devrait être maintenue.
Les résultats du sondage indiquent que le public ne voit pas dans la réconciliation un obstacle pour les négociations avec Israël. Au contraire, la majorité souhaite que le gouvernement de réconciliation national accepte les accords avec Israël et estime que l'entrée du Hamas dans l'OLP signifie une acceptation indirecte de tels accords.
La majorité souhaite le déploiement de la garde présidentielle au passage de Rafah avec l'Egypte comme une alternative au statu quo. Toutefois, la majorité est d'accord aussi pour que le Hamas conserve le maintien de la sécurité dans la bande de Gaza au cours de la période de transition jusqu'à la tenue des élections.
Les résultats indiquent que la côte de popularité du Hamas s'est quelque peu améliorée, et que le niveau de satisfaction de la performance du président Abbas a également augmenté de telle façon qu'il remporterait l'élection présidentielle si elle s'était tenue aujourd'hui.
1) Le gouvernement d'union et l'avenir de la réconciliation et des relations avec Israël :
62% des sondés estiment que la réconciliation réussira et que la division ne reviendra pas. 34% pensent le contraire. La proportion des optimistes dans la bande de Gaza s'élève à74% alors qu'en Cisjordanie elle n'est que de 54% seulement.
La réalisation de la réconciliation rétablit une certaine confiance en l'Autorité Palestinienne : la moitié de la population croit que l'Autorité Palestinienne est une réalisation pour le peuple palestinien, alors que 45% pensent que celle-ci est une charge sur le peuple palestinien. Il y a trois mois, un rapport a indiqué que 25% des sondés pensent que le pouvoir, à la fois en Cisjordanie et à Gaza est une réussite pour le peuple palestinien.
Parallèlement 15% pensent que seulement l'Autorité en Cisjordanie est une réalisation pour le peuple palestinien et 13% pensent que seulement l'Autorité dans la bande de Gaza est une réalisation pour le peuple palestinien.
Les manifestations optimistes dans les perspectives de réconciliation semblent dans la croyance de 61% de la population que le passage de Rafah avec l'Egypte sera ouvert, 53% pensent que la situation économique va s'améliorer bientôt et 51% pensent que la situation des libertés publiques va s'améliorer et que les arrestations politiques cesseront bientôt.
L'optimisme pour la réussite de la réconciliation est dûà une forte confiance au gouvernement de réconciliation 61% le pensent, par un taux élevé de satisfaction pour la rapidité dans la mise en œuvre de l'accord de réconciliation 66% et par la présence de conviction chez une majorité de (54%) que les pays arabes vont respecter leurs promesses de soutenir l'Autorité financièrement.
Une majorité de 52% préfère que la garde présidentielle supervise le Point de passage de Rafah, contre 29% qui préfèrent garder les choses comme elles sont. En revanche, 66% sont d'accord pour que la Hamas maintienne le dossier de la sécurité et la police pendant les six prochains mois jusqu'à l'élection, et 30% s'y opposent.
Un pourcentage élevé parmi la population croit que le Hamas et le Fatah avaient fait des concessions dans la mesure nécessaire pour la réussite de la réconciliation (45% et 42%, respectivement) alors que 28% estiment que les concessions du Hamas étaient inférieures à ce qui est nécessaire contre 33% qui estiment que les concessions de l'Autoritéétaient inférieures à ce qui était nécessaire.
14% pensent que le Hamas avait fait plus de concessions que ce qui est nécessaire et 11% estiment que les concessions du Fatah étaient plus que nécessaires.
Au niveau des sympathisants : 64% des sympathisants du Hamas ont déclaré que les concessions faites par leur camp étaient la mesure requise pour mener à bien la réconciliation et 71% des partisans du Fatah ont déclaré la même chose du côté de leur camp. Mais les résultats indiquent qu'un tiers des partisans du Hamas contre seulement 6% des partisans du Fatah estiment que leur mouvement a fait beaucoup plus de concessions que ce qui était exigé d'eux.
Une majorité de 59% estime que les élections auront lieu comme prévu, après six mois, et 71% souhaitent que le Hamas participe aux élections présidentielles, et non pas seulement au législatives et au Conseil national.
Une majorité de 59% estime que la mise en œuvre de la réconciliation ne signifie pas fermer la porte aux négociations avec Israël contre 37% qui disent le contraire. En effet, la majorité des 59% estime que l'engagement du gouvernement de réconciliation pour les accords signés par l'OLP et Israël doit être tenu contre 36% qui s'y opposent.
En outre, 53% sont d'accord sur le fait que l'entrée du Hamas dans l'OLP signifie l'acceptation indirecte du Hamas du programme de l'organisation et les accords avec Israël et 42% s'y opposent.
Un tiers de la population (33%) s'opposent à la dissolution des groupes armés dans la bande de Gaza, alors que seulement 19% acceptent de le faire maintenant, après la formation d'un gouvernement d'union nationale, 12% l'acceptent, mais après les élections, 16% après la fin du siège de Gaza, et 15%, après l'établissement de la paix entre Palestiniens et Israéliens.
En outre 42% croient que le Hamas est la meilleure façon de mettre fin à l'occupation et l'établissement de l'état, tandis que 39% ont la conviction que la façon de Mahmoud Abbas est la meilleure pour y arriver. Alors que les résultats de notre dernier sondage s'élevaient à39% et 36%, respectivement.
2) Les élections présidentielles et législatives :
Si de nouvelles élections présidentielles avaient lieu avec seulement les deux candidats Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh, le premier récolterait 53% des voix et le second 41% et le taux de participation aux élections, dans ce cas serait de 67%. Trois mois en arrière, les résultats étaient identiques aux résultats actuels, mais le taux de participation à ce moment-là s'élevait à seulement 60%. Dans la bande de Gaza, Abbas récolterait dans ce sondage 52% et Haniyeh 46% et en Cisjordanie, Abbas récolterait 54% et Haniyeh 38%.
Si la concurrence était entre Marwan Barghouti et Ismail Haniyeh, le premier recevrait 58% des voix et le second 38% et le pourcentage de participation aux élections dans ce cas serait de 71%. Barghouti a reçu dans notre dernier sondage 60% et Haniyeh 34%.
Si la concurrence était entre le président Abbas, Marwan Barghouti et Ismail Haniyeh, Barghouti aurait 36% des voix, suivi par Haniyeh 33% et Abbas 28%, et le taux de participation dans ce cas serait de 75%.
52% soutiennent l'idée de nommer un vice-président à Mahmoud Abbas contre 39% qui s'opposent. Parmi les partisans de la nomination d'un vice-président, 24% ont choisi Marwan Barghouti, 17% Rami Al-Hamdallah, 16% Ismail Haniyeh, et 6% ont choisi Saeb Erekat, ou Mohammed Dahlan, ou Mustafa Barghouti, et 5%, Salam Fayyad, et 4%, Khaled Mechaal, ou Azzam al-Ahmad.
Si des élections législatives avaient lieu avec l'accord de toutes les forces politiques, il y aurait 74% de participants, où la liste du changement et des réformes du Hamas obtiendrait 32% des voix , le Fatah 40% et toutes les autres listes réunies 9%. 19%, n'ont pas encore décidé pour qui voter. Il y a trois mois, le pourcentage du vote pour le Hamas était de 28% et 43% pour le Fatah.
La proportion du vote pour le Hamas dans ce sondage dans la bande de Gaza était de 35%, en Cisjordanie 30%.
La proportion de vote pour le Fatah dans la bande de Gaza, dans le même sondage était de 42% en Cisjordanie 39%. Ces résultats reflètent une augmentation du pourcentage du vote pour le Hamas en Cisjordanie, où le pourcentage de vote en Cisjordanie en Mars dernier était de 23%. En revanche, la proportion de vote pour le Fatah dans la bande de Gaza a augmenté de 4% et elle a chuté en Cisjordanie de 6% au cours de la même période.
3) les conditions de vie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza :
Le pourcentage d'évaluation positive de la situation dans la bande de Gaza dans ce sondage est de 24% comparativement à15% il y a trois mois. 52% disent que la situation à Gaza est mauvaise ou très mauvaise.
Le pourcentage d'évaluation positive de la situation en Cisjordanie, passent de 30% il y a trois mois à33% dans ce sondage. Le pourcentage des Convaincus que la situation en Cisjordanie est mauvaise ou très mauvaise diminue de 42% à37% pendant la même période.
Nous avons demandé au public son avis sur la situation économique dans leurs zones de résidence (En Cisjordanie et dans la bande de Gaza) et les prévisions pour cette situation au cours des prochaines années. En Cisjordanie 27% pensent que la situation sera meilleure et 40% pensent qu'elle sera pire. Dans la bande de Gaza, 57% pensent que la situation sera meilleure et 9% pensent le contraire. Ces résultats reflètent un large optimisme et une positivité de la réconciliation sur les conditions économiques par rapport à trois mois en arrière, où19% de la population de Cisjordanie et 28% de la population de la bande de Gaza ont dit que la situation sera meilleure.
81% des sondés pensent que la corruption existe dans les institutions palestiniennes.
25% croient qu'il existe une presse libre en Cisjordanie tandis que 40% pensent qu'elle est libre mais dans une certaine mesure.
Quant à la bande de Gaza, 16% des sondés disent qu'il y a la liberté de la presse dans celle-ci, alors que 36% seulement pensent qu'elle est libre dans une certaine mesure.
32% des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza pensent que les gens peuvent critiquer le pouvoir en Cisjordanie sans crainte alors que 28% seulement pensent que les gens peuvent critiquer le pouvoir dans la bande de Gaza sans crainte. Dans notre dernier sondage il y a trois mois, 22% des habitants de la bande de Gaza pensent qu'ils peuvent critiquer l'Autorité palestinienne sans crainte.
La perception de la sécurité des résidents de la Cisjordanie s'élève à51%, contre 64%, pour celle des habitants de la bande de Gaza, et ces pourcentages ont atteint en Mars derniers 51 % en Cisjordanie et 56% dans la bande de Gaza.
Le pourcentage de la volonté d'émigrer parmi la population de la bande de Gaza, est de 41% et 24% pour la population de Cisjordanie. Ce pourcentage a atteint en Mars, 44% et 22%, respectivement.
Satisfaction à l'égard de la performance du président Mahmoud Abbas qui passe de 46% il y a trois mois à50% dans ce sondage.
5) les objectifs du peuple palestinien et les problèmes fondamentaux auxquels il est confronté :
46% des sondés pensent que l'objectif supérieur du peuple palestinien doit être le retrait israélien aux frontières de 1967 et la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza avec sa capitale Jérusalem-Est.
En revanche, 30% disent que le premier objectif devrait être le droit de retour des réfugiés dans leurs villes et villages d'où ils ont été chassés en 1948.
15% disent que le premier objectif doit être de construire un individu sain et une société religieuse attachée aux enseignements complets de l'Islam.
9% pensent que le premier objectif doit être de construire un système politique démocratique qui respecte les libertés et les droits des Palestiniens.
Il y a trois mois, pour 42% des sondés, le retrait et l'état est l'objectif suprême et pour 34% le droit au retour comme premier objectif.
32% de la population pensent que le problème fondamental de la société palestinienne est aujourd'hui l'ampleur du chômage et la pauvreté.
26% pensent que le problème n°1 est la poursuite de l'occupation et les colonies pour 23% la corruption et pour
15% le blocus de la bande de Gaza et la fermeture des points de passage frontaliers.
Traduit pour l'AFPS par Moncef CHAHED